Réunion de famille Alpine
« On essaie juste de réécrire l’histoire telle qu’elle avait été si bien écrite par Jean Rédélé à l’époque et sans aucune démagogie. »
Philippe Sinault patron de SIgnatech-Alpine
Voilà c’est fait, la nouvelle Alpine A110 vient de franchir la barre symbolique des 7176 voitures construites, ce qui signifie en d’autres termes que l’A110 nouvelle génération vient de dépasser son ainée en termes de production. Cette success-story made in France nous a donné envie d’en savoir plus, de tenter de percer le secret ou tout du moins de lever le voile sur l’engouement que suscite cette nouvelle A110.
Cette rencontre intergénérationnelle est venue d’une discussion avec William David, ancien pilote professionnel et pole man des 24 Heures du Mans en 95, qui vient de prendre ses nouvelles fonctions de manager du centre Alpine RRG de Marseille. William me confiait que, depuis sa prise de poste, il n’avait pas encore eu l’opportunité de se glisser derrière le volant de la mythique Berlinette.
Qu’à cela ne tienne pourquoi ne pas organiser un essai croisé dans ce cas ? Une fois le marché conclu, il ne manquait plus qu’à fixer une date et un lieu qui convienne à chacun. Ce match amical se déroulera la veille de la dernière course du championnat FFSA GT sur le circuit Paul Ricard. Le Castellet a l’avantage d’être géographiquement intéressant pour tous les protagonistes de notre essai. De plus cela nous permettra par la même occasion de voir évoluer les Alpine Cup et GT4 sur le circuit et accessoirement de profiter du superbe Facility center d’Alpine : merci Philippe Sinault !
Réunion de famille Alpine :Les protagonistes
Pour l’occasion le centre Alpine RRG Marseille nous aconfié une magnifique A110 Légende couleur gris tonner. Côté ancienne, Wiliam a fait appel à Jean-Philippe, un de ses anciens élèves apprenti pilote et propriétaire d’une magnifique A110 1600S de 1972 (#17957). Vétérinaire dans la vie de tous les jours, Jean-Philippe est un Alpiniste fraîchement converti. Pour l’anecdote, son assistante n’est autre que la fille de Michelle Veron, ancienne copilote de Jean-Claude Andruet et de Jean-Pierre Nicolas, lorsqu’ils étaient chez Alpine. Sa Berlinette, « Cerise » comme il l’a affectueusement baptisée, a participé à quelques rallyes au début des années 70 dans la région de Dole avec son premier propriétaire Henri Monnami. L’A110 est ensuite passée entre les mains de Christian Chambord qui lui a offert une restauration complète en 2000 avant de la vendre à François Bernard.
C’est auprès de ce dernier que Jean-Philippe s’en est porté acquéreur en décembre 2018. Ancien Porschiste, c’est tout naturellement qu’il fait le parallèle entre la marque Allemande et Alpine. « Pour moi il y a un lien évident avec Ferdinand Porsche de la 356 à la 911, ce sont des autos mythiques et entretenir vivant ces mythes en roulant avec ces autos c’est goûter à cette magie. Ce n’est pas toujours simple de réussir à conjuguer le verbe Avoir avec celui d’Etre. « Cerise » est une Berlinette française rouge italien, son code couleur d’origine et j’aime cette particularité, sans doute à cause de mes origines Italiennes mais c’est ce partage d’hommes passionnés qui nous unit, qui est pour moi la Cerise sur le gâteau. ».
Réunion de famille Alpine
Jean-Philippe est venu accompagné de deux amis rencontrés grâce à leur passion commune pour Alpine : Christian son mécanicien et Patrick qui a fait le déplacement avec une autre A110 1600S au passé sportif bien rempli: puisqu’il s’agit d’une ancienne voiture de Bob Neyret.
Réunion
de famille
Beaucoup
de constructeurs ont essayé de remettre au goût du jour des modèles mythiques
de leur catalogue avec plus ou moins de réussite. Faire renaître la marque
Alpine au travers d’une voiture de légende comme l’A110 était un pari osé mais
réussi. L’A110 première édition, s’est vendue comme des petits pains avec à la
clef plusieurs mois d’attente pour les futurs acquéreurs: sans doute le prix à
payer pour toucher du doigt la légende Alpine. Aujourd’hui la gamme se décline
en trois modèles la Pure, la Légende équipée de la même motorisation mais avec
une finition plus cossue et la toute dernière l’A110 S qui comme son nom
l’indique est une version plus sportive bénéficiant notamment de quelques
chevaux supplémentaires. Evidemment, il n’est pas question de comparer les
performances de ces autos que plus de quarante-cinq séparent. J’aurais tendance
à comparer cette journée d’essai, à une fête de famille où toutes les
générations se retrouvent réunies autour d’une table, chacun ayant ses propres
opinions et une expérience différente mais tous ont un regard bienveillant sur
les uns sur les autres.
Un design qui fait l’unanimité
Premier constat, le design de la nouvelle A110 met tout le monde d’accord.
Nos deux essayeurs d’un jour, William et Jean-Philippe saluent tous deux le
coup de crayon plutôt réussit de la nouvelle Alpine, avec une mention spécial
pour le dessin de la face avant. Lorsqu’elles sont garées côte à côte, on
réalise à quel point la différence de gabarit entre les deux générations
d’Alpine est importante: la nouvelle étant plus longue, plus large et surtout
plus haute. De ce fait, il est difficile, voir même impossible de comparer
l’accessibilité de ces deux autos. Disons simplement que s’installer à bord d’une
Berlinette ou même s’en extraire requiert un minimum de souplesse.
Un véritable jouet
Il est temps de quitter le circuit du Castellet qui nous sert de camp de base pour découvrir les petites routes de l’arrière-pays Varois dont certaines servent de spéciales lors du rallye de la Sainte Beaume. Derrière le volant de sa Berlinette,
Jean-Philippe affiche un large sourire « Dans certaines épingles quand tu l’inscris bien, que tu appliques les bonnes règles de William, et que tu accélères dès que tu as lâché le frein, elle repart à merveille, elle peut être étonnamment moderne pour son âge. Les sensations de plaisir, les émotions que l’on a avec une voiture ancienne, on peut les avoir à des vitesses nettement inférieures qu’avec une moderne». William de son côté, qui a pris place derrière le volant de la nouvelle A110, ne tarit pas d’éloge au sujet du comportement routier de sa monture : « Elle est confortable et elle n’est pas bruyante. Le train avant est directionnel, à 40 km/h elle est aussi maniable qu’une Twingo. Elle n’est pas du tout piégeuse même lorsque tu roules plus vite, c’est une auto facile, un véritable jouet ! ».
Un bon rapport qualité, prix
Il est temps de faire la pause repas et les discussions vont bon train autour de la table notamment au sujet des performances et des grosses cylindrées, la nouvelle A110 manque un peu de puissance. William n’est pas de cet avis « pour la très grande majorité des propriétaires d’A110, dont le 4 cylindres développe 252 chevaux pour 1100 kg, les performances de l’Alpine sont largement suffisantes, surtout pour un usage routier. De plus, il faut tenir compte de l’ensemble des paramètres. Une auto légère ça s’arrête facilement, les freins sont moins sollicités et on use moins vite les pneus. Il faut ajouter à cela qu’une révision va te coûter dans les 500 euros et que ton malus est à 1276 euros. Des tarifs bien en deçà de la concurrence». Mais Alpine a aussi pensé aux clients plus sportifs comme Jean-Philippe en étoffant sa gamme avec l’A110 S et ses 292 chevaux !
Côté tarif, l’A110 que ce soit en finition Pure ou Légende, est proposée à un prix de base inférieur à 60 000 euros. Un argument massue qui explique en partie le succès qu’a rencontré l’Alpine lors de sa mise en production. A ce tarif rien de surprenant à ce que l’A110 emprunte de nombreux éléments d’origine Renault, un passage obligé pour contenir les coûts de production. Un choix quasi incontournable que Jean Rédélé avait lui aussi dû faire en son temps avec la Berlinette. Un prix de base attractif qui peut rapidement s’envoler si l’on y ajoute plusieurs options. A nouveau de neuf, qui se souvient de l’A110 V85 ? Une tentative d’Alpine pour conquérir une clientèle plus large avec un prix d’appel plus serré (avec l’adoption d’un moteur moins puissant celui de la R12 TS, ce qui n’est pas le cas de l’A110 nouvelle génération) et un catalogue d’options long comme un jour sans pain.
L’histoire continue
Alors moderne ou ancienne, nous n’aurons pas trouvé la réponse ? Une seule certitude propriétaires d’anciennes ou de modernes sont animés d’une même passion. L’histoire de la marque continue de s’écrire dans le respect de l’esprit de son fondateur, c’est probablement là que se situe le secret du succès de l’A110…
Remerciements Centre Alpine RRG Marseille, Vicky Raffermi, Domaine la Bégude, Circuit Paul Ricard,
Plus d’Alpine https://www.retropassionautomobiles.fr/2020/02/alpine-et-renault-a-fayence/
L’actu Alpine est ici https://lesalpinistes.com/