ZOOM SUR LE CLUB… LA TRACTION UNIVERSELLE : Des passionnés attirés par la Traction !
La Traction a marqué son époque par son design issu du streamline moderne mais aussi par un concentré d’innovations qui ont fait vieillir ses rivales d’une vingtaine d’années. Pour Citroën, l’auto est au cœur d’un enjeu capital puisqu’elle est la dernière chance pour l’industriel français à se remettre sur pied. Hélas, à cause d’une fiabilité douteuse à ses débuts et malgré de nombreux exemplaires vendus, Citroën dépose le bilan le 21 décembre 1934. A partir de cette date, la marque aux chevrons ne vit qu’au travers l’entreprise Michelin qui reprend l’affaire. De nos jours, c’est cette histoire merveilleuse que tentent d’entretenir les grands enfants du Club La Traction Universelle, afin de faire vivre leur passion et de la transmettre à la nouvelle génération.
CLUB NÉ EN 1968 POUR UNE AUTO REVOLUTIONNAIRE !
C’est en 1968, face à une auto révolutionnaire, que le club La Traction Universelle unit ses forces ! Aujourd’hui, ce grand club national, réparti sur les anciennes régions françaises, compte 1 700 membres. Et c’est avec le plus grand des respects que les amoureux parlent de la Traction. Dominique Peter, responsable de la section Lorraine, raconte comment est née son admiration pour la grande Citroën :
« Je suis tombé dans la Traction parce que l’une de mes belles-sœurs a acheté un exemplaire en 1980. Je l’ai entretenue un minima pour qu’elle roule, et je me suis acheté la RTA. Je l’ai lu en détail car je suis technicien de profession. » La ligne moderne et la technique étonnante qu’elle embarque font d’elle une auto fascinante. Car à cette époque, Citroën fait le choix audacieux d’abandonner la propulsion pour se consacrer à la traction, principe qui n’a encore jamais été appliqué en grande série. Ainsi, le comportement routier est amélioré par le fait que la voiture n’est plus poussée par le moteur mais tirée. De plus, l’absence d’arbre de transmission libère la place à l’intérieur permettant d’abaisser le centre de gravité de l’auto. Elle est donc plus aérodynamique et plus basse. Le marchepied peut donc disparaître. En 1934, on peut dire que c’est une auto en avance sur son temps puisqu’elle profite également d’un système de cardan, d’une caisse monocoque, d’un système de freinage hydraulique Lockheed et d’une suspension par barre de torsion. Pour Dominique, « quand on regardait une Peugeot 204 trente ans plus tard, c’était construit de la même façon. En 1934, la Citroën était déjà équipée d’un berceau alors que cela s’est généralisé seulement avec l’arrivée de la 204 dans les années 60. » Côté design, on voit que Flaminio Bertoni s’est inspiré du streamline moderne dont la première représentante fut la Chrysler Airflow.
PLUS DE 3 000 KM EN TRACTION ! De nos jours, la solidité de la Traction n’est plus à prouver. Comme le précise Dominique, « lorsqu’on est monté en 2016
à Arnhem pour participer à l’ICCCR, chacun des 50 participants a fait au moins 3 000 km avec sa Traction. Moi, j’ai crevé et il y a eu un pare-brise cassé. » Cependant, la fiabilité n’a pas toujours été sa marque de fabrique car le véhicule est conçu en deux ans à cause de la crise financière qui sévit. L’auto reste donc le seul espoir des chevrons qui se trouvent dans une passe difficile. De plus, le réseau Citroën est incapable, faute de formation, de réparer les Traction en panne. Au final, celle qui devait sauver l’entreprise française est responsable de son naufrage. Heureusement à partir de 1936, Michelin la fiabilise, l’équipe d’une crémaillère et d’un nouveau train avant. Dominique Peter poursuit : « Par contre dans le Doubs, il y a une boîte de vitesses qui a lâché et on n’en avait pas d’avance. Parce que quand on fait de grands voyages, on en amène toujours car c’est un élément fragile. Puis en 2011, on en a aussi changé une au Maroc. » En effet, la boîte de vitesses à 3-rapports est le maillon faible du modèle. Dommage que la boîte automatique prévue à l’origine n’ait jamais vu le jour, faute de temps.
L’OCCASION DE RÉUNIR UNE BANDE DE COPAINS
Nous avons vu que le club a ses sorties internationales. Mais la France met également les vieilles mécaniques à l’épreuve du temps. En effet, certaines Traction traversent le pays pour participer à des moments conviviaux. De plus, cela permet de visiter une nouvelle région chaque année. Dominique aime à préciser que « c’est l’occasion de réunir une bande de copains, issue de toutes les conditions : de l’ouvrier au médecin en passant par des ingénieurs, des directeurs de société… et il y a même un évêque ! » D’autres sorties propres à la section lorraine ont lieu sur une journée ou le temps d’un week-end. « On fait même des sorties avec d’autres clubs, explique-t-il, car certains de nos membres font partie d’autres clubs multimarques. Nous sommes en très bon rapport avec L’Amicale des Traction du Sud-Lorrain basé à Mirecourt, près d’Epinal. » Côté salon, pratiquement toutes les régions en ont un. La section Lorraine participe depuis peu au Salon Auto Moto Classic de Metz, qui en est seulement à sa deuxième édition. 130 exposants sont au rendez-vous dans 22 000 m2 d’exposition. Cette année, un hommage fut organisé pour les 100 ans de Citroën. Au programme, on a retrouvé plusieurs modèles qui ont fait la légende des chevrons comme des véhicules uniques qui ont participé à la Croisière Noire, au Rallye d’Acropole ou au Paris-Dakar. Il y a également le Rétro Meuse Auto qui a lieu tous les ans au lac de Madine, près de Verdun, et qui est organisé par Les Bielles Meusiennes. Enfin, la bourse de Créhange fait aussi parti de l’agenda du club. D’ailleurs, concernant les pièces de Traction, Dominique précise « qu’il est facile d’en trouver car il y a au moins cinq ou six fournisseurs en France qui refont des pièces de qualités diverses. Il y a également un gros fournisseur en Belgique puis un autre en Hollande. On n’est pas gêné pour l’approvisionnement des pièces que l’on dit d’usure. » Mais au niveau de la carrosserie, il faut faire Le Bon Coin ou les petites annonces pour trouver une porte ou une aile. « Et parfois, il faut restaurer les pièces que l’on achète car elles sont abîmées. » Le succès est la meilleure chose qu’on peut souhaiter à la Traction quatre-vingt-cinq ans après sa sortie. Vous aurez compris qu’elle est loin d’être enterrée.
« LE GRAAL, C’EST LA 22 ! » Lorsque l’on demande à Dominique Peter le nom de la Traction la plus mythique, il me répond sans l’ombre d’un doute : « Le graal, c’est la 22 ! En 1934, Citroën avait voulu taper haut avec un V8 de 3.8 litres de cylindrée, 22 CV fiscaux, à l’instar des voitures américaines qui étaient quasi toutes en V8 depuis quelques années. » Cette Traction était reconnaissable à ses
phares encastrés dans les ailes. Hélas, ce projet n’a pas pu aboutir car André Citroën se débat avec ses gros ennuis financiers. Il reste à l’état de prototype. Dominique ajoute « qu’aucune survivante n’est arrivée jusqu’à nous, bien que son existence soit sérieusement avérée par des photos, des comptes-rendus d’essai et des plans qui ont été récupérés. Car en effet, toutes les archives Citroën ont malheureusement disparus pendant le bombardement de Javel en 1940. » Mais n’oublions pas qu’en vingt-trois ans d’existence, plusieurs modèles de Traction ont vu le jour. Il y a d’abord la 7 (1934- 1940), équipée d’un 4-cylindres en ligne de 1.3 à 1.6 litres, et développant de 32 à 36 ch. Puis il y a la 11 (1934-1957), équipée d’un moteur 1.9 litres, et développant de 46 à 63/65 ch. Enfin, la 15-Six fait son apparition en 1938 pour terminer sa carrière en 1955. Elle est équipée d’un 6-cylindres en ligne de 2.9 litres développant 77 ch. Une version 15-Six hydraulique sera également lancée de 1954 à 1956 afin de terminer sa carrière en beauté.
L’ARRIVÉE DE LA DS
La Traction est un véhicule légendaire qui a marqué toute une époque. La Gestapo, les FFI et le Gang des Traction l’utilisaient. Au fil du temps, elle a su gommer ses défauts pour plaire à toute une génération. En 1955, elle ne s’efface pas totalement à l’arrivée de sa remplaçante : la DS. Elle continue à être commercialisée pendant deux ans afin que les ménages qui ne peuvent pas se payer le nouveau haut de gamme Citroën puissent se rabattre sur la Traction. Elle tirera sa révérence en 1957 avec l’arrivée de l’ID, la DS d’entrée de gamme. La Traction peut donc enfin entrer dans la postérité après une carrière bien remplie. Depuis, des collectionneurs continuent de transmettre l’héritage comme les aficionados du club La Traction Universelle.
Comment rejoindre le club ?
http://www.la-traction-universelle.org rubrique adhérer en ligne.
Contact : Dominique PETER
06.64.71.56.62
d.peter@la-traction-universelle.org
Par Romain ORRY
D’autres clubs https://www.retropassionautomobiles.fr/2020/07/driter-porsche-club/
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