Coupé DS 21 proto, chevrons sauvages

Coupé DS 21 proto, chevrons sauvages

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Nous avons eu la chance de prendre place à bord d’une DS 21 proto de 1969 au passé glorieux puisque « notre » coupé a remporté le rallye du Maroc la même année. Une opportunité rare sachant qu’au moment où j’écris ces lignes seuls quatre coupées usines auraient survécus, deux se trouvent au conservatoire Citroën : la DS proto du TAP et celle de la Ronde Hivernale de Chamonix 72, un troisième proto probablement la voiture de Neyret au Tour de Corse 68, le seul qui a couru pour l’usine avec le pare-brise droit, qui appartient aux frères Wambergue et pour finir celui qui fait l’objet de cet article.

Coupé DS 21 proto, chevrons sauvages



Un peu d’histoire
Pour faire simple, ce coupé DS21 n’est ni plus ni moins qu’une berline raccourcie de 52.5 cm. Cette diminution de l’empattement a pour principal intérêt d’accroitre considérablement la maniabilité de la voiture ainsi que son agilité et ainsi lui permet d’éviter de taper de l’arrière lors de franchissements de cuvettes ou de dos d’ânes, des qualités appréciables sur les pistes africaines. Mais rendons à André Ricou ce qui lui appartient, car c’est bien l’agent Citroën de Chambéry qui, début 59, fut le premier à concevoir un coupé deux portes sur la base d’une berline raccourcie. Par la suite, beaucoup de coupés seront qualifiés de « Ricou », mais il s’agit d’un raccourci (c’est le cas de le dire) pour qualifier une DS dont l’empattement a été réduit. En 1968, Bob Neyret, qui court déjà sur Citroën à titre privé, commandite auprès d’un carrossier grenoblois, un prototype sur la base d’une DS 21 raccourcie. Ce proto super allégé devait lui permettre de faire face à une concurrence grandissante, avec notamment l’arrivée de la redoutable R8 Gordini. Lors de la coupe des Alpes la même année, Bob Neyret percute de plein fouet une fourgonnette de l’EDF à l’entrée de Digne endommageant sérieusement le proto qui sera rapatriée chez Citroën pour réparations. Pure coïncidence ou pas, à peine quelques mois plus tard, les DS protos usine feront leurs premières apparitions en course. Les premiers coupés construits par l’usine étaient très proches des voitures de série notamment au niveau motorisation. Hormis leur empattement réduit, les seules modifications importantes portaient sur une réserve de carburant plus importante ainsi que sur un l’allégement de la carrosserie, essentiellement obtenu par le remplacement des portes et des ailes d’origines par des éléments en tôle plus mince. Les écris d’époque faisaient état d’un gain de poids de 200kg par rapport à la berline.

Coupé DS 21 proto, chevrons sauvages
Coupé DS 21 proto, chevrons sauvages

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Un long travail de recherche
Bruno et Vincent avaient eu vent de l’existence d’un proto DS mais ignoraient où il pouvait bien se cacher. En bons détectives, ils utilisèrent son immatriculation d’époque comme point de départ pour mener à bien leur enquête. Après des dizaines de coup de téléphone et des mois de recherches, ils réussirent à localiser le coupé qui pourrissait depuis plusieurs années à quelques dizaines de kilomètres de chez eux dans le jardin de son propriétaire. Le coupé était dans un état pitoyable et sa reconstruction s’annonçait difficile mais pas impossible. Une fois l’affaire conclue et les restes du proto rapatriés dans les locaux de LHS Racing à Gruissan, la restauration pouvait commercer. La tâche s’annonçait compliquée, compte tenu des cinq décennies qui nous séparent de ses exploits lors rallye du Maroc et ce même en étant en contact avec les anciens du service compétition et en ayant le soutien de Marlène Wolgensinger. Les souvenirs, la mémoire et les documents faisaient parfois défaut, l’équipe de LHS Racing a dû s’appuyer sur de nombreuses photographiques d’époque, notamment pour restaurer l’habitacle dans sa configuration d’origine mais il a aussi parfois fallu prendre quelques options comme l’utilisation d’un réservoir de SM de 90 litres faute d’information précise à ce sujet.

Coupé DS 21 proto, chevrons sauvages
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Une victoire au rallye du Maroc
Le proto DS immatriculé 9668 TM 75 fait sa première apparition en compétition lors du Critérium Neige et Glace 69. Piloté par Jean-Claude Ogier, le coupé ne ralliera pas l’arrivée. Changement de décor et direction le continent africain pour le très cassant rallye du Maroc. Un parcours de plus de 1300 kilomètres découpés en dix étapes. Le proto confié au duo Bob Neyret associé à Jacques Terramorsi termine sur la plus haute marche du podium. Un véritable exploit sachant que sur les 70 engagés cette année-là seuls sept rallièrent l’arrivée dont cinq DS avec un podium 100% Citroën ! Pour satisfaire à la réglementation FIA, le coupé est alors réceptionné à titre isolé et change d’immatriculation. Jean-Claude Ogier associé à sa future femme Lucette Pointet, retrouve à nouveau le volant du proto, maintenant immatriculé 4698 VS 75, à l’occasion de la coupe des Alpes. Une participation qui se soldera par une 8ième place au général. Pour le rallye du Portugal, le coupé est confié à l’équipage féminin : Lucette Pointet et Michèle Veron qui ne connaîtra pas la même réussite et devra abandonner. L’année suivante, le proto ne fera qu’une seule apparition à l’occasion du rallye du Portugal piloté par Richard Bochnicek, qui se soldera par un abandon pour le pilote autrichien.

Coupé DS 21 proto, chevrons sauvages
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A bord du Proto DS
C’est à l’occasion de la célébration du centenaire Citroën organisé par Roger Crambes et l’Ecurie du Verrou à Rognes, que les frères Jammes nous ont confié ce proto DS. Le coupé était encore dans sa livrée du Maroc 69, une décoration souhaitée par Citroën qui exposait la DS aux côtés d’une SM de rallye et d’une ZX Grand Raid lors de Retromobile, en février dernier. Si elle arbore des tickets du Maroc, il faut s’installer à bord pour constater qu’elle est équipée d’une boîte hydraulique (pas de pédale d’embrayage et commande de boîte au-dessus du volant) un montage plus adapté à une épreuve asphalte qui correspond à sa configuration Coupe des Alpes, le coupé était équipé d’une boîte manuelle lors du rallye du Maroc en 69. Les sièges en tissus sont plutôt confortables et offrent un bon maintient grâce notamment à leurs bords relevés en mousse. On retrouve le fameux bidon de liquide lave glace fixé au sol entre les deux sièges, un système typique des modèles de compétition, qui alimente non pas deux gicleurs comme sur les DS de série mais quatre. Coté motorisation, le proto était équipé d’un quatre cylindres de DS21 préparé qui malheureusement a cassé depuis. Les moteurs type compétition n’étant pas légion et comme le coupé n’a pas vocation à rester au fond d’un garage, il a été remplacé par un moteur de DS23.
Curieusement le coupé DS n’a jamais donné lieu à une production en série. Pourtant, il suffit de l’observer de profil ou de trois quarts arrière pour se persuader que son succès commercial aurait été sans conteste à la hauteur de son efficacité en rallye.

Texte et photos Thierry Lesparre

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