AMC HORNET et CONCORD – Des Américaines bien tranquilles.
L’origine du nom Hornet vient d’ un des modèles les plus célèbres de Hudson, l’une des deux marques fondatrices du groupe American Motors, produite entre 1950 et 57. (La Hudson Hornet disparue au même moment que la marque qui l’avait créée, lorsque les noms de Nash et Hudson disparurent pour céder la place à celui d’ AMC).
Après la présentation, en 1965, d’un prototype de voiture compacte, la Cavalier, les responsables d’ AMC jugèrent que celui-ci constituait une base de travail idéale pour l’étude d’ un futur modèle de voiture compacte, qui leur permettrait de concurrencer efficacement les modèles importés venus d’ Europe et du Japon. Bien que ceux-ci n’ aient pas lésiné sur les moyens accorder à ce projet (Trois ans d’ études, un million d’ heures de travail et pas moins de 40 millions de dollars – de l’ époque – pour ce futur modèle sur lequel elle fondait de grands espoirs, les ingénieurs chargés de sa conception durent, malgré tout, utilisé une partie du châssis de la Rambler – une berline de taille « intermédiaire » (à l’ échelle locale – ainsi que la transmission de celle-ci, ainsi que les suspensions du modèle haut de gamme d’ AMC, l’Ambassador.
Présentée fin 1969, la Hornet a marquée le grand retour d’ AMC dans le segment des voitures compactes, un marché sur lequel le constructeur avait bâti une grande partie de sa notoriété. Malgré son gabarit, les designers d’ AMC qui ont créés les lignes de la Hornet semblent plutôt avoir cherché leur inspiration du côté des muscles cars. Ainsi, outre le coupé sport de la gamme AMC, la Javelin, on ne peut manquer de lui trouver une certaine ressemblance avec d’ autres célèbres représentantes du genre, comme la Ford Mustang et la Chevrolet Camaro.
Légèrement plus courte que sa devancière (4,55 mètres de long, soit 5 cm de moins que la Rambler), la Hornet, outre la classique berline à quatre portes, est aussi proposée sous la forme d’ un coupé. Un break (station-wagon), dénommé Sportabout, rejoindra également la gamme l’ année suivante, ainsi qu’ un coupé à 3 portes (équipé d’ un hayon) en 1973.
Sur le plan des motorisations, la Hornet fait son apparition avec, au choix, deux six cylindres de 3,3 litres ou 3,8 l ou alors avec un V8 de 5 litres.
En 1971, l’offre de moteurs s’ enrichie d’un V8 5,9 litres (qui peut délivré, suivant les versions, entre 245 et 285 ch), monté exclusivement sur la nouvelle version sportive, baptisée SC360, laquelle est disponible uniquement en coupé 2 portes. Ce modèle étant destiné à concurrencer les muscles cars de taille compacte comme la Plymouth Duster. Malgré de très bonnes performances, cette version n’ aura toutefois droit qu’ à une carrière éphémère, la flambée des primes d’ assurances pour ce type d’ autos contraignant AMC à la retirer du catalogue après seulement 784 exemplaires produits (Alors que le constructeur, qui avait initialement prévu de le vendre sous la forme d’ une série limitée, comptait en produire environ… 10 000 exemplaires).
De toutes les variantes de carrosseries offertes au catalogue, c’est le break qui fut le plus populaire, sa production dépassant souvent celle de toutes les autres versions réunies. Un succès qui est aussi sans-doute dû au fait qu’ il fut, durant la plus grande partie de sa carrière, le seul break de la production américaine proposé dans cette catégorie.
En 1972, l’offre, au niveau des packs d’équipements, est toutefois réduite avec la suppression des versions de base, la version haut de gamme SST devenant dès lors le niveau standard d’équipements pour l’ ensemble de la gamme Hornet. Bien que la version SC360 ait, elle aussi, été supprimée, le V8 5,9 litres qui l’équipait restait disponible sur les autres modèles.
Cette année a également vue l’apparition d’une série spéciale conçue en collaboration avec le célèbre créateur de mode italien Aldo Gucci. Il s’agissait là d’une des premières créations du genre au sein de la production automobile américaine. Proposée uniquement sur le break Sportabout et avec un V8 5 litres, cette version se caractérisait par une sellerie entièrement garnie de cuir (y compris la zone de chargement à l’ arrière), des sièges baquets (à l’ avant) conçus sur mesure. Ainsi qu’une console centrale dotée, à l’ avant, d’ un bureau gigogne avec une table d’ écriture, un emplacement pour les stylos ainsi que d’un miroir de courtoisie. Le compartiment arrière, lui, était doté d’un mini-bar pourvu de quatre bouteilles plaquées d’argent et deux carafes en cristal. Pour compléter le tout, les dos des sièges avant était équipés, eux aussi, de tablettes d’ écriture. Un peu plus de 4 800 exemplaires équipés de ce package haut de gamme furent produites entre 1972 et 73.
L’année 1973 verra la Hornet recevoir une nouvelle face avant, qui dissimulait une armature à absorption d’énergie (en cas de choc frontal), ainsi que des pare-chocs renforcés. le tout pour répondre à la nouvelle législation en vigueur.
Sur le plan de l’équipement, la finition SST disparaît pour faire place à la D/L, dont la principale caractéristique était les inserts en bois qui garnissaient les panneaux des portes ainsi que la garniture en tissu « peluche » qui recouvrait les sièges.
La gamme de moteurs est également modifié, avec une nouvelle offre conforme aux nouvelles réglementations pour les émissions de pollution: Au choix, deux six cylindres (3,8 litres ou 4,2 litres) ou V8 (5 litres ou 5,9 litres).
Le millésime 1974 ne verra que des changements mineurs, comme un pare-choc avant équipé de butoirs en caoutchouc, ainsi qu’un nouveau système de sécurité obligeant les passagers à boucler leurs ceintures avant que la voiture ne démarre.
Les efforts et l’attention d’ AMC étant désormais concentré sur la nouvelle Pacer, lancée au début de l’ année 1975, la Hornet ne connaîtra donc, ici aussi, que peu de changements cette année-là. Le seul élément extérieur qui puisse permettre de reconnaître une Hornet 75 étant la nouvelle grille verticale qui équipe la calandre.
1976 voit l’apparition des versions break des Dodge Aspen et Plymouth Voltaire, construites par Chrysler, qui mettent alors fin au quasi monopole dont jouissait jusque’ alors la Hornet sur le marché des breaks compacts américains.
La Hornet ne faisant désormais plus partie des priorités de la direction d’ AMC, elle ne connaîtra donc que peu de modifications ou d’améliorations. La seule vraie nouveauté du millésime 1977 étant le lancement d’une version « sportive » baptisée. Disponible uniquement en berline, avec un six cylindres ou un V8, elle se reconnaissait à ses pare-chocs peints enveloppés d’une bande de protection en caoutchouc, ses bandeaux décoratifs avec les lettres AMX sur les flancs, ses cadrans de tableau de bord et son volant typé sport, son spoiler et ses élargisses d’ailes à l’avant et à l’arrière.
A l’automne 1977, la Hornet subira un profond restylage et sera alors rebaptisée Concord. Bien que de taille similaire à celle de sa devancière, sa remplaçante se positionnait dans une gamme de prix légèrement supérieure, se voulant, en effet, une compact de luxe.
A la fin des années 70, la Hornet, l’un des modèles les plus vendus de la gamme AMC va sur ses huit ans d’âge et le moment est donc venu de lui offrir une remplaçante. Le problème pour la direction du groupe American Motors que les moyens financiers dont ils disposent ne sont pas vraiment à la hauteur de ceux de ses concurrents et qu’ ils sont donc souvent obligés – et depuis un certain temps déjà – de tirer le diable par la queue et faire preuve de débrouillardise à moindre coût. C’est ainsi que la direction d’AMC décide, tout simplement, d’offrir un simple lifting à la Hornet, en lui offrant, au passage, un nouveau patronyme.
La Concord ne diffère donc guère, sur le plan mécanique comme structurel, de la Hornet du dernier millésime, mais elle bénéficie, en revanche, d’un niveau d’ équipements plus important ainsi que d’une qualité de construction et de finition accrue.
Le dessin de la face avant est la partie sur laquelle la Concord se reconnaît immédiatement de sa devancière, avec une calandre inclinée divisée en six sections de forme alvéolée, incorporant, à ses extrémités, les feux de stationnement. Ainsi que des phares rectangulaires. A l’arrière, de nouveaux feux arrière rectangulaires et un pare-choc renforcé furent également installés.
A son lancement, la Concord est disponible en trois niveaux de finitions: Base, Sport et D/L. Quatre types de carrosseries sont également au programme: berline, coupé 2 ou 3 portes et break. (Un carrossier, du nom de Griffith, réalisera également une version convertible de la Concord. Il s’agissait en fait d’ un coupé targa, avec la partie du toit au-dessus des sièges qui était démontable. Cette version fut également proposée sur l’Eagle. Bien que vendue par le réseau AMC, moins de 200 exemplaires – Eagle et Concord confondus – en furent construits). Une version sportive, baptisée AMX, était également disponible, uniquement avec la carrosserie break.
La finition D/L, elle, se caractérisait par l’arrière du pavillon de toit recouvert de vinyle, avec aussi, sur le coupé, des fenêtres de custode style « opéra » (plus petite que les vitres arrières classiques. Ainsi que, à l’intérieur, des sièges recouverts de velours et un tableau de bord garni de placages de bois.
Quant à la version Sport, elle se reconnaissait à ses jantes spécifiques et aussi à ses décorations sur les flancs.
La version de base, elle, n’était disponible qu’en berline ou en coupé.
La motorisation standard était un six cylindres 3,8 litres. Un autre 6 cylindres, de 4,2 l, ainsi qu’ un V8 5 litres étaient également disponibles, mais seulement en finition D/L. Un quatre cylindres 2,5 l, d’origine Volkswagen-Audi, était également disponible, qui a aussi équipé la Gremlin puis la Spirit. (Un moteur qu’on retrouvera notamment sur la Porsche 924, à la différence que, sur cette dernière, il recevait un système d’ injection contre des carburateurs sur l’ AMC Concord). Pour la transmission, le client avec le choix entre une boîte automatique à 3 rapports ou une boîte manuelle à 3 ou 4 rapports.
Pour le millésime 1979, la Concord reçoit une nouvelle calandre avec des barres verticales ainsi que des pare-chocs légèrement remaniés. Une nouvelle finition, baptisée Limited, a également été introduite. Disponible seulement sur la berline et le coupé, celle-ci se caractérisait par une sellerie en cuir, des moquettes plus épaisses, des lampes supplémentaires pour l’ éclairage de l’habitacle, un système de radio complet ainsi que des enjoliveurs couleur carrosserie. Les finitions Sport et AMX, en revanche, disparaissent du catalogue.
Cette année-là, pour célébrer les 25 ans de la fusion entre Nash et Hudson, les deux marques fondatrices d’AMC, une série limitée « Silver Anniversary » est présentée. Elle se distinguait par sa carrosserie argentée en deux tons, son toit vinyle lui aussi de couleur argentée, ses jantes spécifiques, ses insignes commémoratifs et la sellerie en velours côtelé noir ou roux.
L’année 1980 voit la disparition du coupé à hayon, ainsi que de la boîte de vitesses manuelle à rapports. Sur les finitions D/L et Limited, les berlines reçoivent un toit entièrement recouvert de vinyle ainsi que des fenêtres de custode de style « opéra » de forme triangulaire. Les coupés reçoivent eux aussi ce type de vitres latérales, mais de forme carrée. Tous les modèles reçoivent également de nouveaux feux arrière. La calandre est à nouveau modifiée avec, cette fois, une seule barre chromée horizontale.
Côté moteurs, le quatre cylindres VW est remplacé par l’Iron Duke de General Motors (que l’on retrouve sur la plupart des berlines et coupés des gammes compacte et intermédiaire de la GM. Les 6 cylindres 3,8 litres et V8 sont également abandonnés, ne laissant plus que le « nouveau » 4 cylindres GM ainsi que le six cylindres 4,2 l au catalogue.
Le millésime 1981 voit la Concord changer une nouvelle fois de calandre. Celle-ci s’ornant maintenant de trois barres verticales. En dehors de cela, la Concord ne connaîtra, cette année-là, que peu de changements. Tout comme en 1982, où le seul changement significatif est l’ ajout d’ une boîte manuelle à 5 rapports en option.
L’année 1983, la dernière de la production de la Concord, voit la disparition du coupé, ainsi que du moteur 4 cylindres. Tous les modèles de ce dernier millésime étant donc équipés du six cylindres 4,2 l.
Déjà concurrencée depuis plusieurs années, dans le réseau AMC, par la Renault 18 (suite au rachat du groupe American Motors par le constructeur français en 1980), la Concord sera remplacée, tout comme la Spirit, par la Renault Alliance.
Outre cette dernière, la plate-forme de la Hornet servira également de base à celle de l’ Esprit (la remplaçante de la Gremlin) ainsi qu’ à celle de l’ innovante Eagle à transmission intégrale. Ce qui fera de la famille de la Hornet et de ses dérivés celle qui aura connue la plus longue carrière dans l’ histoire d’ AMC: Pas moins de dix-huit ans, entre 1969 et 1987.
Maxime DUBREUIL
Photos WIKIMEDIA
En vidéo https://www.youtube.com/watch?v=Np5fLk70JUM&ab_channel=RareClassicCars%26AutomotiveHistory
D’autres AMC https://www.retropassionautomobiles.fr/2022/06/amc-marlin-une-carriere-en-queue-de-poisson/