Une Citroën Dyane sur le Rallye Monte-Carlo Historique
Depuis quelques années le Rallye Monte-Carlo Historique voit participer une Dyane Citroën avec un équipage de passionné d’autos anciennes. Georges au volant et Roland le co-pilote ont acceptés de répondre à nos questions. L’équipe compte également deux mécanos pour l’assistance Patrick et Didier, un rôle essentiel dans l’aventure car le Rallye se tient sur 7 jours et 2000 kms, de quoi faire souffrir la petite Citroën. Cette année le rallye se tiendra du 29 janvier au 5 février.
- Pouvez-vous nous présenter votre rôle de copilote et en quoi il est crucial pour une compétition comme le Rallye Monte-Carlo Historique ?
le rôle du copilote consiste guider le pilote de l’auto pour assurer la meilleure performance.
En cela, dans un rallye de régularité comme le MCH, le copilote accomplit différentes taches. Bien sur, annoncer les virages et bifurcations faciliter le pilotage, mais aussi et surtout, s’assurer que l’auto est toujours sur le parcours de la spéciale, au bon endroit, au bon moment.
Ainsi, durant la spéciale, grâce à son tripmaster, le copilote doit contrôler que les distances parcourues et le temps attendu à chaque point remarquable communiqué par l’organisateur, correspondent à celle indiquées par dans son roadbook. Si des écarts en distance existent, le copilote corrige ces écarts sur le tripmaster pour aligner l’auto à la bonne distance. Si des écarts en temps apparaissent, alors, c’est au pilote d’accélérer ou réduire la cadence pour revenir dans le bon tempo.
- Pourquoi avez-vous choisi une Citroën Dyane pour cette aventure, et que représente ce modèle pour vous ?
Georges, le pilote (et propriétaire de la Dyane) et moi même sommes des amateurs de rallyes en ancienne. Nous en pratiquons, en régularité ou cartographie, depuis de nombreuses années sur des autos assez variées : entre autres, Porsche 914, Wartburg 353, Peugeot 504 coupé, ou encore Alfa-Romeo Alfetta GTV, à bord de laquelle nous avons participé à notre premier MCH en 2016. A l’issue de cette première expérience, Georges a été frappé par la ferveur du public du MCH pour les autos populaires. Il s’est alors mis en quête d’une auto qui suscite l’enthousiasme du public.
Le hasard l’a conduit vers un club de 2cv, à quelques kilomètres de chez lui. Une Dyane, initialement préparée pour affronter les pistes australiennes, mais qui n’avait finalement pas pris la mer, l’attendait. La préparation consistait principalement en un renforcement du chassis. Une Dyane ayant participé au rallye Monte-carlo en 1976 et en 1978 (avec Michel Peyret au volant), l’auto est elligible. L’ACM confime à Georges que l’auto sera acceptée sur le ralllye si elle reprend les couleurs (bleu pétrel) de l’édition 1976.
Georges s’exécute et la modeste bicylindre prend le départ de son premier rallye Monte-Carlo Historique en 2019. 2025 sera la 6ème édition du rallye pour la Dyane qui démontre une grande fiabilité puisque toujours à l’arrivée.
Nous sommes très attaché à cette auto qui nous procure un plaisir immense à bord et provoque de formidables rencontres humaines et un enthousiasme extraordinaire du public. c’est une joie que de susciter autant de passion autour de cette modeste auto dans laquelle différentes générations se retrouvent.
- Comment décririez-vous la préparation nécessaire pour participer à un rallye historique ?
La base est de disposer d’une auto éprouvée et fiable. Si, en cas de problème, il est possible de « mécaniquer » sur les liaisons pour remettre l’auto en ordre de marche, cela pertube le bon déroulement du rallye et peut faire perdre beaucoup de temps… Aussi, le risque Zéro n’existe pas, mais mieux vaut prendre le départ avec un véhicule dans lequel la confiance est totale. Cela implique de nombreux roulages dans l’année pour s’assurer de la bonne santé des différents organes de l’auto.
Ensuite, la complicité de l’équipage est essentielle. A bord, les quelques tensions ou inquiétudes toujours possibles lors d’un rallye ne doivent pas résister à la cohésion du duo pilote-copilote.
Enfin, le soutien d’amis, de club (comme le 2cv club de la Crau) et de partenaires sont précieux pour renforcer la dynamique de l’aventure.
Bien sûr, la pratique régulière de la discipline ne peut être qu’un plus au moment de se retrouver sur la ligne de départ.
- Quels sont les principaux défis rencontrés lorsque l’on navigue dans une voiture ancienne comme la Dyane ?
les difficultés du copilote sont pratiquement les mêmes dans toute voiture ancienne. Si en Dyane, le copilote n’est, en général, pas perturbé par la vitesse de roulage, surtout en régularité, l’enjeu est surtout du coté du pilote pour rester dans le rythme imposé, en particulier dans les étapes montagneuses, où, dans les montées, la faible puissance du moteur oblige à solliciter fortement la mécanique.
- Quelle est votre méthode pour rester concentré tout au long des étapes parfois très longues du rallye ?
Une seule méthode pour rester concentré : silence à bord pendant les spéciales. le temps des discussions est réservé aux parcours en liaison. En spéciale, le pilote reste concentré sur la route et sur son cadenceur, qui indique notre écart par rapport à la moyenne imposée. Côté copilote, je dois rester concentré sur le road book pour ne manquer aucun point de recalage par rapport à la distance parcourue. Sur une spéciale courte (moins de 20km), l’exercice se fait facilement, sur de plus longues spéciales (jusqu’à près de 40km), il est facile de perdre sa concentration et de se laisser aller à quelques conversations… attention ,l’erreur n’est jamais loin dans ces moments là.
- Quels outils ou équipements utilisez-vous pour la navigation et le chronométrage ?
Cette année, c’est la révolution à vord de la Dyane. Place au modernisme. Nous abandonnons notre ancien trip master traditionnel pour un BLUNIK. Un trip master électronique, plus moderne et précis et dont la programmation des étapes doit nous permettre d’améliorer sensiblement nos performances.
- Avez-vous rencontré des imprévus mécaniques lors du rallye, et comment les avez-vous gérés ?
La Dyane se révèle être une quasi parfaire compagne pour les rallyes. Georges prend soin de son auto tout au long de l’année et celle-ci nous le rend bien, ne demandant qu’un suivi classique en rallye (contrôle des niveaux etc). L’an dernier en revanche, l’aventure a failli tourner court. Alors que nous étions sur la fin du parcours de concentration nous menant de Reims à Monaco, l’auto a été prise de vibrations inquiétantes. Nous nous arrêtons à plusieurs reprises pour un contrôle des écrous de roue, des cardans, mais nous ne remarquons rien. A l’approche du col Bayard, en arrivant sur Gap, les vibrations prennent un tel rythme que nous nous arrêtons en urgence. En manœuvrant pour nous garer sur le bord de la route, la voiture s’affaisse sur sa roue avant gauche. Verdict, les 2 vis de biellettes de direction cassées net. Si la casse avait eu lieu en roulant, les conséquences auraient pu être fatales pour le rallye. Coup de chance, nous cassons à 500m d’un garage de campagne équipé d’un poste à souder. Le patron procède à une réparation rapide mais solide et nous reprenons le rallye après avoir perdu quelques heures, le temps des réparations, et quelques places au classement nous reléguant dans les tous derniers du rallye… La réparation de fortune nosu permettra de terminer ainsi le rallye qui se transformera en un longue remontada, puisque spéciale après spéciale, nous avons pu remonter au classement jusqu’à atteindre la 144ème place sur 207 à l’arrivée. Une performance honorable compte tenu des points de pénalités accumulés lors de cette casse mécanique.
- Quelles sont les qualités essentielles pour être un bon copilote dans ce type de compétition ?
Pour bien performer, la préparation de l’épreuve passe souvent par une reconnaissance des spéciales et une préparation très précise du roadbook. Cela n’est pas tout. La concentration à bord lors des spécialers et le calme à conserver en cas de problème en spéciale sont des atouts indispensables pour un bon copilotage.
- Qu’est-ce qui vous a motivé à participer au Rallye Monte-Carlo Historique ?
La passion des autos anciennes et des rallyes historiques. Mais le monte-Carlo ajoute la joie de toucher l’histoire du sport automobile. Le rallye Monte-carlo historique est organisé par l’ACM qui organise 10 jours plus tôt, le monte-carlo moderne. Nous bénéficions de la même organisation, et cela reste un moment privilégié que de monter sur le podium qui est celui du rallye WRC. Nous avons le sentiment de participer à l’histoire du sport auto, sentiment renforcé par la présence régulière de grands noms du sport auto sur cette épreuve. Jean Ragnotti, Jean-Claude Andruet, Bruno Saby, etc
- Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui souhaite se lancer en tant que copilote dans un rallye historique ?
Embarquer avec un pilote dans lequel la confiance et la complicité sont à 100%. l’ambiance à bord, la cohésion de l’équipage est crucial pour se faire plaisir en rallye et partager les bons moments comme les plus difficiles. Bien préparer son auto. Les aléas mécaniques sont toujours possibles, mais il faut en réduire le risque avec un suivi régulier de l’auto. Enfin, sélectionner avec soin son road book et bien s’ne imprégner avant le départ pour en comprendre les point sensibles.
- Comment votre équipe a-t-elle financé et organisé sa participation au rallye ?
Nous participons au rallye Monte-carlo depuis quelques années déjà. La Dyane en est à sa 6ème participation. Cette régularité a permis de fédérer toute une communauté autour de l’équipage. Déjà, nous pouvons compter sur un club qui nous permet de préparer le véhicule dans de bonnes conditions matérielles pour travailler (espace, pont, outillages et conseils de spécialistes!). Ensuite, nous avons noué différents contacts avec des industriels (Koni, yacco et très récemment Michelin) qui nous fournissent de quoi équiper ou entretenir notre auto. Nous avons également, par notre réseau personnel ou nos démarches de recherche de partenaires, associer des entreprises qui nous soutiennent financièrement dans notre aventure. Le budget d’un rallye comme le Monte-Carlo se monte pour notre équipage à 10.000€. cela ne comprend pas les frais strictement liés au véhicules (achat et préparation mécanique), mais inclue les frais d’engagement, d’hébergement et restaurations non inclus dans l’engagement, le carburant etc. Cela permet d’engager à la fois notre Dyane, mais aussi, de nous faire accompagner par deux mais passionnés qui assurent notre assistance tout au long du rallye à bord d’une Acadiane!. A leur manière, eux aussi participent pleinement au rallye.
- Que représente pour vous l’ambiance unique du Rallye Monte-Carlo Historique par rapport à d’autres compétitions ?
A nos yeux, le rallye de Monte-Carlo est le rallye le plus mythique, par sa longue histoire et les légendes qui ont fait sa renommée et ont vu les plus grands pilotes s’y afronter.
- Quelle a été votre étape préférée lors de la précédente édition, et pourquoi ?
Tout le rallye MOnte-Carlo laisse de grands souvenirs. L’étape de concenrtation, déjà, met les équipages et mécaniques sous pression, surtout, lorsque, parmi les différentes villes de dépaert des parcours de concentration, nous décidons, comme de nombreux concurrents, de partir depuis Reims. Ensuite, chaque étape a son charme mais j’avoue avoir un faible pour les spéciales « ardechoises » et la fameuse halte par la Remise de Yves Jouanny, à Entraigues. cela étant, notre moment préféré lors de la précédente édition n’est pas une étape, mais le moment entre l’avant dernière étape et la dernière, la fameuse nuit du Turini. En effet, alors que nous rejoignions le parc fermé pour y garer notre auto avant le départ pour le « Turini », nous avons eu l’honneur d’être salués par son altesse sérénissime le Prince Albert II de Monaco. Celui-ci a exceptionnellement pris la pose devant notre Dyane et partagé quelques mots avec Georges et moi-même. Nous sommes le seul équipage a avoir eu cet honneur et remercions son altesse pour son attention à notre égard. C’est un moment inoubliable pour nous.
- Quels sont les points forts et les limites de la Citroën Dyane dans ce genre de rallye ?
Le Monte-carlo est un rallye de régularité hivernal. Nous espérons toujours y trouver de la neige, car c’est sur ce terrain que la Dyane exprime le mieux ses qualités de tenue de route. dans des conditions extrêmes, on peut vraiment faire la différence avec cette auto. A l’inverse, la modeste puissance de son bicylindre nous met vite sous pression lorsque le relief varie et que nous attaquons les cols. Il faut solliciter la mécanique et tirer fort sur le volant! Pour performer au mieux dans ces conditions, l’auto est équipée d’une boite aux 3 premiers rapports raccourcis. Cela permet de gagner un peu de vivacité en épingles. Mais cette auto en étonne plus d’un tout au long du parcours.
- Quels sont vos objectifs pour cette édition du rallye ? Une performance particulière ou simplement terminer la course ?
Notre meilleur classement en Dyane est 124ème en 2022. Pourtant, lors de cette édition, nous avions cumulés quleques coquilles dans le road book et quelques erreurs de navigation de mon fait. Notre ambition est de figurer à minima dans la 100 premiers, mais encore, idéalement toucher la 80ème place, pour rendre hommage à michel Peyret, qui, en 1976, sur une Dyane de série, uniquement équipée de feux Marshal et de 4 koni, a terminé à la 80ème place au scratch du rallye, sur 148 au départ mais seulement … 84 à l’arrivée devançant ainsi 3 Opel et une Alpine! Cette 80ème place est une perfomance que nous aimerions bien renouveler!
- Y a-t-il des personnalités ou des équipes que vous admirez particulièrement dans ce rallye ?
- Bruno Saby, qui participe régulièrement au Monte-Carlo historique depuis des années, est incontestablement la personnalité qui nous est la plus chère D’abord, nous avons la chance de faire partie du même « team » soutenu pas nos partenaires Yacco et Koni. Ensuite et surtout, son remarquable palmarès, son accessibilité, sa gentillesse en font un personnage tout à fait remarquable et admirable.
- Après cette expérience, envisagez-vous de participer à d’autres compétitions similaires à l’avenir ?
- Nous nous attaquerons en 2025 à quelques épreuves du THRF (trophée historique des régions de France) pour continuer à nous perfectionner en vue du RDV annuel qui nous est cher, le Monte-Carlo. Mais au delà de ces épreuves de régularité, finalement tous deux contaminés par le virus du double chevron, nous mettrons cette année en chantier une seconde Dyane. Avec cette seconde Dyane, ,nous voulons tout d’abord participer à la Coupe 602, organisée sur un circuit de glace, à l’Alpe d’Huez par le Mehari Club Cassis International à Flaine mi janvier. Nous pensons aussi à un autre grand défi en Dyane, participer au Dakar Classic, rendant hommage à l’équipage qui a pris le départ de la première édition en 1979…
Merci à Roland Crouzet et Georges Gomis et bonne route !
Photos Roland Crouzet, Joris Clerc, Les fous du Volant, Métalrugit, Sandrine Parodi
Suivre les aventures de la Dyane sur Instagram @rallye.mch, sur Facebook Dyane de Monte-Carlo, sur LinkedIn Dyane de Monte-carlo.
Une vidéo France 3 https://www.youtube.com/watch?v=T0oMkvKD1Y4&ab_channel=France3Provence-Alpes-C%C3%B4ted%27Azur
N’hésitez-pas à supporter l’aventure de Dyane !
Le programme de l’édition 2025 https://acm.mc/edition/27e-rallye-monte-carlo-historique/evenement/programme/