SIMCA ARIANE - Une hirondelle avec un appétit d'oiseau

SIMCA ARIANE – Une hirondelle avec un appétit d’oiseau.

Un nouvel article consacré à l’une des voitures françaises les plus populaires de la fin des années 50 et du début des années 60: la SIMCA ARIANE.

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La naissance de la Simca Ariane doit sans doute tout à la crise de Suez. Survenue en 1956, à la suite de la nationalisation, brutale et sans préavis ni compensation, par le leader égyptien Nasser du canal du même nom (faisant la jonction entre la Méditerranée et la Mer Rouge et qui se trouvait, jusqu’ici, sous administration britannique). Suite à ce coup de force, les approvisionnements en pétrole se trouvent brutalement interrompues. Conséquence directe, les prix des produits pétroliers ne tarde, évidemment, pas à monter. Le gouvernement de l’époque instaurant alors rapidement une série de mesure afin de faire à la pénurie qui s’annonce. Outre l’instauration de la célèbre vignette, une autre contrainte était qu’à chaque fois qu’ils devaient passer à une station d’essence, les automobilistes étaient, pour pouvoir faire être servi en carburant, de remettre au pompiste des coupons officiels attribués par l’Etat. Une mesure qui devait certainement rappeler à plus d’un les tickets de rationnement du temps de la guerre et de l’Occupation pour pouvoir se fournir en alimentation et parvenir à subvenir à leur faim.

SIMCA ARIANE – Une hirondelle avec un appétit d’oiseau

Au vu de ce nouveau contexte, il est évident que les voitures de grosse cylindrée (berlines et limousines de prestige comme coupés et cabriolets de grand sport) vont en être les premières victimes. Si elles ne sont, au final, que des copies en réduction des belles américaines qui circulent quotidiennement dans les grandes métropoles d’outre-Atlantique et n’affichent pas la cylindrée ni la consommation gargantuesque de ces dernières, chez Simca, les modèles de la gamme Vedette seront toutefois les plus impactés par ces nouvelles mesures et voient d’ailleurs leurs ventes baisser fortement. Henri-Théodore Pigozzi, le PDG de Simca, ainsi que le bureau d’études de la marque, ont alors une idée assez simple : celui de créer un nouveau modèle en utilisant, tout simplement, la carrosserie des Vedette et y installant, sous leur capot, le moteur de l’Aronde, qui est alors le modèle le plus populaire de la marque.

Dévoilée au public à la fin du mois de mars 1957, cette nouvelle voiture « hybride », qui se voit, dès lors, attribuée le rôle de modèle intermédiaire au sein du catalogue de la marque à l’hirondelle (entre l’Aronde et la Vedette donc) se voit baptisée du nom d’Ariane. Une dénomination choisie à la fois parce qu’elle sonne bien à l’oreille du public et aussi pour sa consonance qui rappelle, à la fois, celle de l’Aronde et aussi de la Trianon, le modèle de base de la gamme Vedette. L’Ariane, qui en reprend, presque à l’identique, la finition sera d’ailleurs vendue par le même réseau, celui de l’ancienne filiale française de Ford, racheté au constructeur américain en même temps que la récente et moderne usine de Poissy, où l’Ariane est d’ailleurs produite sur les mêmes chaînes que la Vedette (les modèles de la gamme Aronde étant alors diffusés, à l’époque, par un réseau de concessionnaires distincts). Afin de conserver un prix de vente abordable (elle est affichée, au moment de son lancement, à 725 000 francs), elle n’offre toutefois qu’une présentation, intérieur et extérieure, assez austère et spartiate ainsi qu’un équipement des plus succincts. Contrairement aux modèles de la gamme Vedette, elle est ainsi dépourvue de jonc de pare-brise, d’antibrouillard encastrés dans la calandre (lesquels sont, ici, remplacés par des clignotants. A l’intérieur, l’habitacle est également dépourvu de serrure sur la boîte à gants ainsi que de pare-soleil côté passager. Outre le quatre cylindres de 7 CV fiscaux, elle emprunte aussi à l’Aronde sa boîte quatre vitesses ainsi que la sellerie de la berline Deluxe, les éléments de la suspension ainsi que les jantes de 13 pouces étant, elles, issus, tout comme la carrosserie, de la Vedette.

SIMCA ARIANE – Une hirondelle avec un appétit d’oiseau

Etant donné son gabarit situé un cran au-dessus de celui de l’Aronde et qu’elle atteint un poids de 1 100 kg à vide, le moteur de cette dernière ne peut donc guère l’emmener à plus de 120 km/h. La nouvelle Simca Ariane n’ayant toutefois aucune vocation à la performance, ni au luxe d’ailleurs et se voulant avant tout un modèle populaire, cela ne sera toutefois pas vraiment un défaut rédhibitoire aux yeux du public visé. D’autant que son poids ne l’empêche pas de conserver une consommation raisonnable et qu’elle a hérité de la Vedette sa très bonne habitabilité ainsi que son coffre offrant une très grande capacité. L’Ariane étant même, sur ces deux points essentiels, lors de sa commercialisation, l’un des meilleurs modèles de sa catégorie. Autant d’atouts non négligeables qui lui permettront ainsi de trouver, quasi immédiatement, son public. Non seulement auprès des familles nombreuses (ses deux vastes banquettes lui permettant, en effet, d’accueillir assez facilement jusqu’à six passagers) mais aussi auprès des gros rouleurs séduits par sa fiabilité et sa sobriété (qui étaient d’ailleurs souvent des anciens propriétaires de Vedette, à la recherche d’un modèle qui en reprenait toutes les qualités mais sans les défauts).

L’ouverture du Salon automobile, au Grand-Palais des Champs-Elysées à Paris, à paris, en octobre 1957, est l’occasion pour Simca d’offrir un lifting à l’ensemble de la gamme Vedette. Un remaniement esthétique inspirée de l’évolution du design automobile des voitures américaines du moment. Les nouveaux modèles, rebaptisés désormais Beaulieu et Chambord, offrant une calandre et un capot plus proéminent, tout comme les ailerons sur les ailes arrière, ainsi qu’un pare-brise panoramique ainsi que de nouvelles moulures chromés. L’ancienne Trianon, qui conserve, elle, l’ancienne carrosserie, étant, de son côté, devient le « vaisseau amiral » de la gamme Ariane et est intégrée à celle-ci sous le nom d’Ariane 8. En dehors de quelques détails mineurs, elle demeure identique à la Trianon.

L’Ariane « originelle », à présent rebaptisée Ariane 4, recevant, elle, ses premières modifications à partir de janvier 1958, avec le montage de nouvelles jantes de 15 pouces, ainsi que les freins empruntés aux modèles V8. Le modèle intermédiaire de la gamme Simca voyant également, au cours des années suivantes, son intérieur se faire plus « luxueux » et aussi confortable, avec, notamment, l’apparition de nouveaux garnissages en simili et en tissu rayé sur les sièges, un ciel de toit en vinyle perforé ainsi que des montants de déflecteurs recouverts de chrome. Auparavant bicolores, les feux arrière sont désormais entièrement de couleur rouge. Le motif de capot, figurant un « S » sur les modèles du millésime 1958 puis un « A » sur ceux de 1959, étant, quant à lui, à présent remplacé par le nom « Ariane » écrit en lettres dorées.

SIMCA ARIANE – Une hirondelle avec un appétit d’oiseau

L’année-modèle 1960 étant notamment marquée pour Simca par la restructuration du réseau, tous les modèles de la gamme pouvant désormais être vendus par les mêmes concessionnaires. Le catalogue de l’Ariane s’élargit, lui, avec l’apparition d’une nouvelle finition Superluxe, qui est proposée en quatre cylindres mais devient aussi la seule disponible avec le V8. L’Ariane 4 étant désormais offerte avec cinq teintes unies et une sellerie « tweed » en version « standard » ou avec quatorze combinaisons de couleurs pour la carrosserie deux tons ainsi qu’une sellerie en tissus brochés pour la version Superluxe. L’habitacle n’est d’ailleurs pas en reste, puisqu’il reçoit également, sur cette dernière, une planche de bord elle aussi bicolore (teinte claire pour la partie basse, dont le couvercle de la boîte à gants et noir sur le dessus), un cercle de volant chromé, un cendrier pour les passagers arrière, un miroir de courtoisie, un double système de lave-glace ainsi que de nouvelles moulures latérales et d’appliques de custode chromées.

Du fait qu’elle est vendue à peine plus chère que le modèle de base, l’Ariane 4 Superluxe deviendra très vite le modèle le plus vendu de la gamme. La version « standard » trouvera, néanmoins, elle aussi son public, même si ce sera surtout auprès des compagnies de taxis, en particulier à Paris, où elle sera commandée à plus de 2 000 exemplaires par la célèbre compagnie G7. Aujourd’hui encore, les taxis Simca Ariane noirs au toit rouge sont encore bien présents dans la mémoire de certains.

A partir d’avril 1960, c’est une Ariane qui est choisi par le constructeur pour tester, en conditions réelles, le nouveau moteur quatre cylindres à cinq paliers qui doit bientôt équipé les nouveaux modèles de la marque. Un exemplaire va ainsi subir près de quatre mois de tests intensifs sur l’autodrome de Miramas, où elle parcourra l’équivalent de 200 000 kilomètres à une vitesse moyenne de 104 km/h. Pour commémorer ce record, l’Ariane de l’année-modèle 1961 sera rebaptisée Ariane Miramas. Celle-ci recevant d’ailleurs, tout comme l’Aronde dans sa nouvelle version Montlhéry, le nouveau moteur qu’elle a eu l’honneur de tester, baptisé « Rush Super ». Cette version « modernisée » de l’Ariane se reconnaissant, extérieurement, au monogramme orné d’un drapeau à damiers apposé sur l’aile ainsi que de nouveaux feux arrière. Une nouvelle finition, recevant la dénomination Super Confort, s’ajoute également au catalogue. Celle-ci recevant les sièges « Autogalbe », recouverts de tissu à fines rayures, de la Chambord ainsi qu’un cendrier sur chacune des portières arrière.

SIMCA ARIANE – Une hirondelle avec un appétit d’oiseau

L’Ariane ne recevra ensuite plus que des retouches et modifications mineures : une calandre en aluminium, un témoin de feux de route ainsi qu’un nouveau tachymètre gradué jusqu’à 160 km/h sur le tableau de bord. Elle se verra toutefois offrir, à l’occasion de son dernier millésime de production, outre la couleur gris métallisée (une teinte de carrosserie dont elle n’avait jamais pu bénéficier jusqu’ici), proposée en option sur les versions Superluxe et Super Confort), ainsi que des sièges avant séparés.

Après avoir été produite à plus de 159 000 exemplaires (dont seulement un peu plus de 2 400 pour l’Ariane 8 à moteur huit cylindres), production est finalement arrêtée au printemps 1963 pour laisser place à celle des nouvelles 1300 et 1500.

Philippe Roche

Photos Droits Réservées

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