MERCURY MARQUIS (1969- 78) -Une Lincoln… sans le nom.
Les modèles full-size des marques Lincoln et Mercury, les divisions de prestige et « intermédiaire » du groupe Ford, furent complètement redessinés à l’occasion du millésime 1969 (à l’exception de la Lincoln Continental, que ne fut refilée qu’au lancement des modèles du millésime 1970).
Avec la disparition de la Park Lane, qui faisait aussi partie de la famille des modèles full-size de Mercury, la Marquis devint le nouveau vaisseau amiral de la marque et obtint une gamme plus complète de carrosseries. Alors que la génération précédente n’était proposée qu’en coupé hard-top, la nouvelle monture s’enrichit de deux berlines (hard-top ou « classique »), d’un cabriolet et d’un break (station-wagon). Toutes les Mercury full-size étaient construites sur un empattement de 3,15 mètres, à l’exception du break, qui, lui, partageait l’empattement de 3,07 m des breaks et berlines Ford.
Bien qu’il était construit sur un châssis provenant de la gamme Ford, le break, baptisé Colony Park, partageait la partie avant de sa carrosserie ainsi que l’habillage intérieur de l’habitacle avec la berline Marquis Brougham. Cette génération introduisit les phares rétractables, qui étaient actionnés par un système actionné par le moteur. (Ce qui obligeait donc à ce que celui-ci soit en marche pour pouvoir procéder à l’ouverture des phares. Un système de secours avait toutefois été prévu pour maintenir les phares en place si le mécanisme tombait en panne).
Pour 1969 et 1970, la Marauder, qui était auparavant une version plus luxueuse du coupé Marquis, devint un modèle à part entière, sous la forme d’un coupé fastback basé sur un châssis plus court provenant de la gamme Ford, bien qu’elle emprunte sa face avant à la Mercury Marquis. En plus des Mercury de haut de gamme, les phares escamotables étaient une caractéristique qui fut partagée par les Lincoln des années 70. A noter que plusieurs exemplaires du cabriolet Marquis (dont que connu cependant qu’une très faible production), peints en couleur « or métallique », furent utilisés dans les deux dernières saisons de la série TV Green Acres, qui remplacèrent les cabriolets Lincoln Continental qui étaient utilisés auparavant dans cette série produite par la chaîne CBS.
Le millésime 1971 a apporté un ressuyage majeur pour les Mercury full-size. La carrosserie présentait un style plus arrondi et moins massif, avec des montants arrière plus épais et des feux arrière plus enveloppants sur les berlines. Les autres changements esthétiques incluaitent des jupes et l’élimination des fenêtres de ventilation. Tous les modèles étaient désormais équipés de vitres sans cadre métallique. Une nouvelle option pour tous les modèles était un toit ouvrant (combiné obligatoirement avec un toit recouvert de vinyle). Alors que la faiblesse des ventes à conduit à la suppression du coupé fastback Marauder et du cabriolet, Mercury relança l’appellation Brougham (déjà utilisée précédemment) au sein de la gamme Marquis et du break Colony Park.
Le millésime 1972 n’introduisit que des changements mineurs, comme une nouvelle grille de calandre et des feux arrière redessinés, ainsi qu’un système d’avertisseur pour les ceintures de sécurité. Le moteur standard était un V8 de 7 litres équipé d’un carburateur à double corps. L’acheteur pouvait toutefois aussi opter pour un V8 7 l équipé d’un carburateur quadruple corps. La seule transmission proposée sur la Marquis (ainsi que sur toutes les Lincoln de haut de gamme et les Mercury de cette époque) était une boîte de vitesses automatique à trois rapports. Parmi les options sur le plan technique, il était aussi possible de faire monter des freins à disques à l’avant.
Pour 1973, la Marquis reçut un rectiligne mineur avec une face avant plus carrée et de nouveaux pare-chocs en saillie (pour répondre à la nouvelle législation imposant que ceux-ci puissent subir des chocs à 8 km/h sans aucun dégât apparent) ainsi qu’une nouvelle ligne de toit. Les coupé et berline hard-top ainsi que la berline « classique » étaient toutes disponible en version standard ou en finition Brougham, plus cossue. Les modèles du millésime 1975 reçurent une carrosserie au style légèrement révisé, aux lignes plus allongées que celles des modèles 1973 et 74.
Cette année-là fut présentée la Grand Marquis, un nouveau modèle basé sur la Marquis et destiné à remplacer la Monterey (un autre modèle de la gamme full-size de Mercury) et que tous les autres modèles haut de gamme de la marque furent regroupés sous la dénomination Mercury Marquis. Contrairement à la Crown Victoria au sein de la gamme Ford, qui était (à ses débuts) un package d’options proposé sur la LTD (le modèle haut de gamme de Ford à l époque), la Grand Marquis, bien qu’étroitement dérivée de la Marquis, se voulait comme un modèle à part entière. Sur le plan des motorisations, le V8 de 7,5 litres était maintenant disponible sur cette génération et le V8 7 litres fut, lui, remplacé par un V8 6,6 litres, moins gourmand en carburant, en 1974. Le V8 7,5 l devint la motorisation standard sur la Marquis Brougham et la Grand Marquis à partir de 1977.
Un V8 de 5,8 litres fit également son entrée dans la gamme en 1978, afin d’offrir une version de la Marquis qui soit plus économique en carburant. Cette année-là, ce V8 small-block devint d’ailleurs la motorisation standard sur tous les modèles. En Californie, le moteur standard restait toutefois le V8 de 6,6 litres. Le V8 7,5 l, quant à lui, resta disponible sur tous les modèles de la Marquis jusqu’à la fin de production de cette génération. L’impact de la réglementation en matière d’émissions polluantes fit que les puissances des moteurs varièrent sensiblement d’une année sur l’autre.
En 1978, le V8 7,5 l ne délivrait ainsi plus que 210 chevaux. Environ 7 850 000 exemplaires des modèles full-size de Ford et Mercury furent vendus entre 1969 et 1978, ce qui en faisait alors la deuxième meilleure vente de l’histoire du groupe Ford après le légendaire Modèle T. La fin de production de cette génération de la Mercury Marquis, comme de sa cousine, la Ford LTD au même moment, ainsi que de la cinquième génération de la Lincoln Continental l’année suivante, marqua la fin de l’âge d’ or des modèles full-size au sein du groupe Ford. General Motors avait déjà abandonné la production de ce genre des voitures de très grande taille (dont la longueur s’approchait parfois des six mètres) deux ans auparavant et Chrysler fit également de même à peu près à la même époque.
Les crises énergétiques et la récession économique qu’elles engendrèrent obligeant tous les constructeurs à revoir à la baisse la taille de leurs voitures comme de leurs moteurs. Par la suite, plus aucun des modèles produits par les Big Three (les trois grands groupes automobiles américains) ne dépassa plus les 5,50 mètres de long. Leurs devancières apparaissant désormais comme des dinosaures d’une autre époque, les témoins d’une époque maintenant révolue.
Maxime DUBREUIL
Photos WHEELSAGE
D’autres voitures US https://www.retropassionautomobiles.fr/2022/08/ford-galaxie/
En vidéo https://youtu.be/DQ1mAZBfUYo