MASERATI INDY LA DER DES DERS. Indy un nom qui gravite autour d’un mythe. Car même si cette GT n’est pas la plus connue des Maserati, elle a réussi en cinq décennies à se forger une légende. Pour les puristes, cette magnifique auto est considérée comme la dernière des vraies Maserati.
En effet à cette époque, la marque de Modène va très mal suite à des difficultés financières. Face à De Tomaso, Citroën rafle la mise et achète la marque de prestige. Sans doute inquiet de ce rachat, les décideurs italiens baptisent la nouvelle GT 2+2 du nom d’Indy. Cette appellation évoque les victoires des 500 Miles d’Indianapolis en 1939 et 1940, et perpétue le souvenir tout en gardant les racines du constructeur. Petit flashback sur un modèle qui fut pour la marque au Trident la première auto à se doter d’une carrosserie autoportante…
MASERATI INDY, LA DER DES DERS, LE SPORT DANS L’ÂME
30 mai 1939, l’Europe est à l’aube d’une grande catastrophe. Loin de se douter de cela, Warren Wilbur Shaw se présente sur le circuit d’Indianapolis au volant d’une magnifique 8CTF Boyle Special. Lorsque le départ des 500 Miles est lancé, sa Maserati dévoreuse d’asphalte fend le vent à des vitesses extrêmes. Dans une course effrénée, il fait vrombir le moteur V8 365 ch de son bolide. Grâce à sa persévérance et sa ténacité, il réussit l’exploit de dominer la course à une vitesse moyenne de 115 mph (185 km/h) jusqu’à la délivrance du drapeau à damiers. Ce jour-là, l’Américain entre dans l’histoire et sa monture devient la première voiture européenne à s’imposer à l’Indy 500 depuis 1919. Une victoire qui va inspirer les décideurs italiens à la fin des années 1960.
MASERATI INDY, LA DER DES DERS, CLASSE MANNEQUIN.
L’année 1969 est celle des fantasmes, notamment en ce qui concerne le monde de l’auto. Non pas parce que Citroën a absorbé Maserati un an plus tôt mais parce que la firme de Modène sort un nouveau modèle aux allures… de top-modèle. Car trente ans plus tard, Maserati se souvient des victoires de Wilbur Shaw en appelant la nouvelle venue Indy. Et on peut dire qu’elle sait faire chavirer les cœurs. Dans la gamme située entre la Bora et la Ghibli, sa ligne racée et dynamique conquiert encore aujourd’hui les amateurs de look vintage qui cherchent un style d’une autre époque, un design seventies. Pour Gérard Gauthier, propriétaire d’une Indy 4.7 litres America de 1972, « les modèles des années 1970 ont des designs agréables à voir. Le style de la voiture dessinée par Michelotti a un porte-à-faux arrière qui élance la voiture, » ce qui ajoute de la classe à l’ensemble. Et la séduction passe aussi par les phares escamotables, les pare-chocs fins et chromés qui lui font un physique de rêve, sans kilos en trop, qui montre encore une fois que la finesse transalpine n’est pas une légende. On peut donc remercier le carrossier Vignale d’avoir fait un travail remarquable. « Ce que j’aime dans un premier temps, explique Gérard, c’est le fait que ce soit une Maserati. J’ai toujours aimé les voitures italiennes et cette marque pour sa discrétion, sa classe, ses performances, mais aussi parce que ce sont des voitures peu répandues par rapport à Porsche ou Ferrari. » Mais le plus important est de voir ce que la belle a sous sa robe. Et la gente masculine risque de ne pas être déçue.
MASERATI INDY, LA DER DES DERS, DES MOTORISATIONS QUI ÉVOLUENT
En soulevant le capot, on fait connaissance avec le bloc V8 4.2 l de la Mexico : un 260 ch concocté par Giulio Alfieri, qui propose un 0 à 100 km/h en 7.5 secondes. A l’époque, les clients reprochent à ce moteur des performances trop light par rapport à ses rivales ! En effet, l’Aston Martin DBS propose un V8 plus puissant de 55 ch (soit 315 !) alors que sa principale adversaire, la Ferrari 365 GT 2+2 offre 320 ch, ce qui lui permet un 0 à 100 km/h en seulement 7 secondes. Puis en 1971, afin de remédier au problème, Maserati décide d’augmenter la cylindrée de l’Indy pour la passer à 4.7 l, et prend l’appellation America. Désormais, elle délivre 290 ch ce qui lui permet d’atteindre aisément les 265 km/h. Gérard Gauthier souligne « que ce moteur a beaucoup de couple, à tel point qu’il peut repartir en troisième à 20 km/h ! » Mais ce n’est qu’à partir de 1973 que ces deux motorisations sont remplacées par l’unique 4.9 l qui déjà, équipe la légendaire Ghibli SS. Le conducteur peut enfin savourer ses 320 ch à 5 500 tr/mn puisque le couple s’envole à 49 mkg, ce qui fait de cette version l’une des plus performantes de son époque.
MASERATI INDY, LA DER DES DERS « ON RESSENT LA VOITURE PLUS QU’UNE MODERNE ! »
En ce qui concerne la conduite, « on ressent la voiture plus qu’un moderne, » estime Gérard. « Dans les virages, on sent la masse de l’auto et le freinage est très puissant. » Côté conduite, elle se fait au ras des pâquerettes tandis que la visibilité est extraordinaire par rapport à un véhicule récent. De plus, « on sent les odeurs – comme par exemple l’essence – parce que l’étanchéité n’est pas parfaite dans une voiture ancienne. » C’est sans doute ce qui en fait le charme. Quant à la transmission manuelle ZF à 5-rapports qui est montée de série, elle est réputée pour sa légèreté. Gérard ajoute « qu’il y a quelque chose de viril dans cette boîte plutôt ferme. » A l’époque, une boîte automatique 3-rapports Borg Warner, était également disponible au catalogue.
MASERATI INDY, LA DER DES DERS, UNE PLANCHE DE BORD A CHAQUE NOUVELLE MOTORISATION
« Dans l’habitacle, le confort général est correct et les sièges sont bien dessinés, » précise Gérard. Sur la version America, ces derniers sont « en cuir alors que le dessus du tableau de bord est revêtu d’alcantara. » On trouve également la présence de bois qui donne un côté chic à l’ensemble, sans oublier les nombreuses jauges qui renforcent l’aspect sportif : pression d’huile et température, niveau de l’essence, ampèremètre, température de l’eau, compte-tours et compteur de vitesse. A l’époque, l’autoradio est disponible en option et une place lui est réservée sur la console centrale, à côté des commandes qui actionnent les vitres électriques. Gérard Gauthier ajoute « que la position de conduite – volant, pédales et boîte de vitesses – est bonne. » Mais à cette époque, l’Indy change de planche de bord comme elle change de moteur. La version America reçoit la clim en série et la 4900 voit ses cadrans déplacés sur la console centrale.
Des aérateurs sont également logés dans la partie supérieure, modifications qui apportent un souffle nouveau à un modèle d’exception qui brille toujours sous le feu des projecteurs.
MASERATI INDY, LA DER DES DERS, 1 104 EXEMPLAIRES
En conclusion, la Maserati Indy est une voiture remarquable qui a su gommer ses lacunes. De 1969 à 1975, en seulement 1 104 exemplaires, elle a réussi à se construire une légende. Hélas, ce modèle sera le dernier à être carrossé par Vignale car la marque au Trident s’adressera ensuite à Giugiaro, exception faite de Khamsin qui sera le fruit du travail de Bertone. Elle sera également la dernière des Maserati conçue avant l’ère Citroën : la Der des Ders. Cinquante ans après, peu de modèles restent en circulation en France, à l’exception de la 4700 America de Gérard Gauthier.
L’INDY 4700 AMERICA DE GÉRARD GAUTHIER
La Maserati Indy qui illustre cet article appartient à Gérard Gauthier, un amoureux de la marque Maserati qui possède également une Gransport de 2005. Il n’avait pas prévu d’acheter un véhicule de collection, mais l’occasion s’est présentée lors d’une vente aux enchères à Biarritz en juin 2017. Pour Gérard, cette 4700 America de 1972 est un coup de cœur inattendu. Même s’il ne sait pas grand chose du passé de sa voiture, sa GT a été immatriculée pour la première fois aux Etats-Unis. Son ancien propriétaire l’a restaurée avant de s’installer en Colombie. Depuis, Gérard s’est entiché de la belle 4700, fabriquée à seulement 357 exemplaires, et dans lesquels se trouvaient quelques America. Il en reste donc très peu aujourd’hui. D’ailleurs, c’est avec cet exemplaire que Gérard Gauthier découvre le plaisir de rouler en ancienne. Il explique « qu’on attire la sympathie des gens partout où l’on passe, qu’ils font un signe de la main et s’intéressent. » Il ajoute que « s’il nous arrive de ne pas démarrer dans les dix secondes au feu vert, on ne vous klaxonne pas. Les motards font signe et ceux de la Police Nationale se retournent. On attire les regards bienveillants des passants et de ceux qui aiment les voitures d’exception. » Chez Rétro Passion Automobiles, personne ne le contredira !
MASERATI INDY 4700 AMERICA
MOTEUR
8cyl. en V à 90°, 16s
Position
Longitudinal avant
Alimentation
4 Carburateurs Weber 42 DCNF
Cylindrée
4 719 cm3
Alésage x Course (mm)
93.9 x 85
Puissance ch DIN à tr/mn
290 à 5 500
Couple maxi en mkg à tr/mn
43 à 3 800
POIDS
1580 kg
PERFORMANCES
Vitesse maxi en km/h
265
1 000 m DA en secondes
25.5
0 à 100 km/h 7.5 secondes
Texte Romain Orry
Photos Loic Pontani
Retrouvez Romain Orry dans Pleins-Phares sur fajet.net (ou 94.2 FM Nancy) le premier vendredi du mois à 17h.
D’autres histoires ici : https://www.road-story.com/
J’ai eu la chance de posséder ce véhicule dans les années 76 il s’avère que c’était un petit bijou avec un très grand coffre je n’en ai gardé que d’excellents souvenirs et véritablement très confortable on ne peut faire que des éloge pour la réussite de cette Maserati Indin 4.9Lou 4.7L.
Vous êtes chanceux ! Merci de votre témoignage !
Souvenir impérissable