Sunbeam Tiger, l’étonnante
Sunbeam Tiger, l’étonnante
L’industriel anglais John Marston est à l’origine de la firme « Sunbeam Motor Car Compagny » qu’il installa à Wolverhampton en 1905. Si les débuts de l’activité étaient consacrés à la fabrication de bicyclettes, bien vite la production de voitures va aller en s’accélérant à partir de 1913 en proposant plusieurs modèles. Après la première guerre mondiale, dans le but de relancer la production, Sunbeam s’associe aux français Talbot et Darracq en créant la « Sunbeam-Talbot-Darracq Motors LTD ». Outre la construction de voitures classiques, « Sunbeam » se consacre aussi à la compétition et aux records. En 1935, le groupe STD est racheté par la firme « Rootes ». Dans les années 50, Sunbeam va remporter de nombreux succès en compétition avec des pilotes renommés comme Stirling Moss ou Mike Hawthorn dans des grandes classiques comme le Monté Carlo, le RAC, le Tour de France ou l’Acropole. Finalement, en 1967 Chrysler reprend le groupe Rootes ….
La Sunbeam Alpine series I sort des chaînes en 1959, à cette époque la marque est toujours la propriété du groupe Rootes. Motorisée par un quatre cylindres de 1494cc, manquant singulièrement de puissance, elle sera remplacée dès 1960 par la série II, équipée d’un moteur porté à 1592cc. Suivra la série III, la préférée des puristes, en 1963, puis la série IV début 1964 qui se distingue par des ailes arrière et une calandre redessinée. C’est un joli spider 2 places qui pour faire face à la concurrence toujours plus présente va devoir être amélioré en motorisation. Pour lutter contre les Triumph, MG et autres Austin Healey, la firme décide de lui greffer un V8. Le travail d’adaptation est confié à Shelby qui a déjà créé la Cobra. Un prototype est construit et amené en Angleterre et la maison mère Rootes est séduite et conclu un contrat avec Ford pour l’approvisionnement des moteurs. Tout le travail de mise en production et d’homologation est effectué par Rootes. La carrosserie de l’Alpine est conservée intacte, pourtant le V8 américain est placé sous le capot. Elle conserve l’essentiel de sa petite sœur l’Alpine et elle est rebaptisée Sunbeam Tiger ….
La commercialisation de l’étonnante Sunbeam Tiger débute en 1964. En fait, la Tiger est produite en parallèle à l’Alpine, mais comme Sunbeam n’a pas la place de fabriquer les deux séries, la production de la Tiger est confiée à Jensen. C’est un cabriolet du type Spider qui est devenu plutôt sportif et vraiment insolite. Imaginez une petite Peugeot 204 cabriolet avec un gros moteur de Mustang, c’est un peu ce qu’obtenait l’acheteur d’une Tiger à l’époque. Pour autant c’est un modèle qui adopte des solutions techniques assez nouvelles comme un alternateur à pôle négatif à la masse (en 12 volts) une révolution au royaume d’Albion. La transmission se fait aux roues arrière et la boîte de vitesses à quatre rapports plus marche arrière, commandée depuis le plancher, est pilotée par un embrayage Borg and Beck à diaphragme monodisque à sec, toute synchronisée, premier rapport inclus. De plus, comme nombre de ses concurrentes anglaises de l’époque elle pouvait être équipée, sur demande, d’un overdrive Laycock de Normanville agissant sur les troisièmes et quatrième rapport, lui permettant de faire chuter sensiblement le régime moteur tout en réduisant le niveau sonore. Tout au long de sa production, la superbe petite Sunbeam Tiger va emprunter ses suspensions aux modèles de série du groupe Rootes, en fait celles des Hillmann ou des Singer ….
Sur la Sunbeam Tiger, on trouve donc une combinaison de ressorts hélicoïdaux et d’amortisseurs télescopiques articulés sur des triangles superposés, assistés dans leur tâche par une barre anti-roulis. La suspension arrière, nettement plus archaïque est constituée de ressorts à lames, semi elliptiques au nombre de six additionnés d’amortisseurs hélicoïdaux. Le pont arrière est de type rigide. Il est à noter que, si la suspension arrière semble surannée, il faut se souvenir que jusqu’à la série III, les ressorts semi elliptiques étaient assistés par des amortisseurs à levier Armstrong, dignes d’une auto d’avant-guerre, ne favorisant ni la précision de conduite, ni le placement de l’auto en courbe. Le système de freinage hydraulique, fourni par Girling, offre deux disques en fonte d’un diamètre de 250 mm à l’avant et deux tambours à l’arrière. Ce système, qui se révèlera très fiable est pourvu d’une assistance, apparue dès la série II et utilise la dépression interne du moteur. Le frein à main, à câbles, agit quant à lui sur les roues arrière. Bien que classique, ce système de freinage sera toujours à la hauteur. La direction est équipée d’un boîtier Burman à recirculation de billes et présente une singularité rare sur ce type de véhicule car elle est réglable en profondeur avec un débattement d’environ six centimètres grâce à une mollette située sur la colonne de direction. Comme on peut donc le constater, pour l’époque, la Sunbeam Tiger offre des solutions techniques plutôt convoitées par ses concurrentes ….
la Sunbeam Tiger se révèle être une auto résolument moderne avec sa carrosserie monocoque en acier, renforcée par des longerons croisés, lui offrant une rigidité rarement atteinte pour un cabriolet de cette époque . Sobre, sans fioritures, la ligne de caisse dessinée d’un seul trait dans un style très lisse est l’œuvre de Kenneth Howes, élève de Raymond Loewy, qui eût pour mission à l’époque de créer une auto destinée à séduire le marché U.S. d’où, entre autres, les ailerons arrière. Ce qui frappe en s’installant à bord, c’est l’aspect cossu et confortable. Cela se manifeste par des détails comme les déflecteurs, l’accoudoir central entre les sièges avant, le confort de ces derniers, jusqu’à la facilité à s’introduire derrière le volant. Le tableau de bord tout de noir vêtu offre, quant à lui, une bordée d’instruments et de compteurs divers. Pour finir, le grand pare-brise vous permet une large vision panoramique sans vous barrer la vue par son montant supérieur étant donnée sa hauteur inhabituelle pour un véhicule de ce type. Pour ce qui est de la mécanique, l’étonnante Sunbeam Tiger est équipée du V8 de la Ford Mustang de 4.7 litres de cylindrée qui développe 203 chevaux et un couple de 39 mkg. Avec un poids plume de seulement 1150 kilos, cette puissance lui autorise une vitesse de pointe supérieure à 195 km/h. Lorsque le contrôle du groupe Rootes est repris par Chrysler, la production de la Sunbeam Tiger s’interrompt en 1968 après 7066 exemplaires fabriqués ….
Texte Eric Fourny
Photos Remy Dargegen @remidargegenphotographies
Une autre anglaise à découvrir ici https://www.retropassionautomobiles.fr/2020/04/morris-cooper-s-1300-mk/
Une anglaise unique à découvrir ici https://www.histo-auto.com/fr/actualite/528/jaguar-xj40-coupe-un-felin-unique-qui-avait-tout-pour-plaire