Alain Thuret, Président de l’Amicale Citroën et DS France

Alain Thuret, Président de l’Amicale Citroën et DS France

L’amour pour la marque Citroën est une passion dévorante. En argent parfois, en temps souvent. Alain Thuret y consacre aussi une partie de sa vie. Une passion qui le mène parfois à l’autre bout du monde pour rencontrer des Citroënistes, où à la Ferté-Vidame pour organiser le centenaire de la marque après 3 ans de travail. Le Président de l’Amicale Citroën et DS France, est aussi un grand collectionneur. Nous sommes allés à sa rencontre.

• Alain d’où vient votre passion pour l’automobile et la marque Citroën ?

Dans ma jeunesse j’avais plus la passion pour la moto, mon grand-père avait fait le Bol d’Or moto et je baignais plus dans cet univers. Ensuite, dans les années 80 j’ai eu besoin d’une voiture comme tout le monde et je me suis tourné vers la DS. A cette époque la DS n’intéressait pas grand monde et ne coutait pas cher du tout. L’entretien était assez coûteux et peu de mécaniciens voulaient s’y intéresser.

Donc me voilà propriétaire de ma première Citroën DS et je n’ai eu que des ennuis. Mais je ne lui en ai pas voulu, j’ai toujours ce modèle D Spécial de 1973.

• Dans votre collection il y a énormément de voitures, pas uniquement de la marque aux chevrons d’ailleurs, êtes-vous un collectionneur compulsif ?

Je ne pense pas être un collectionneur compulsif, j’aime pas mal de modèles chez différents constructeurs, même si je suis un amoureux de Citroën pour tout ce que cela représente. Mais dans chaque marque on peut trouver un modèle intéressant, ici vous pouvez retrouver une Maserati, une Renault 4, des Mathis. Je suis vraiment ouvert à tout.

• Présentez-nous ce lieu incroyable qui abrite votre collection

En fait il s’agit d’une ancienne usine de textile qui date du début du 19^ème siècle qui a été transformée en usine de vélos et motos vers 1870 par monsieur Maximilien Bernasse.

• Comment avez-vous débuté la collection ?

En fait quand j’ai eu ma première DS, j’ai rapidement eu envie de la refaire et de l’entretenir au mieux. Une fois le chantier terminé la voiture était très belle et je n’avais plus trop envie de la faire rouler. J’ai donc acheté une ID 20 dans l’optique de m’en servir tous les jours, mais j’ai également refait cette ID, puis j’ai racheté une autre auto et ainsi de suite… Cela s’est enchainé avec d’autres modèles Citroën.

• Si vous deviez choisir un ou deux modèles phares dans cette collection, vos préférées ?

C’est très difficile de faire un choix, car chaque auto ici a une histoire mais c’est vrai que j’ai un gros faible pour la DS, car au-delà de sa ligne admirable cette voiture représente une réelle avancée technologique pour l’époque. Pour sortir de Citroën je pense que je choisirais la Maserati 5000 GT qui a une ligne incroyable, un peu comme une Facel Vega. J’aime énormément les ancêtres, les autos des années 50-60 aussi, vous voyez, choisir c’est vraiment difficile, peut-être même que mon troisième choix n’est pas encore dans ma collection d’ailleurs.

• Cette année Citroën fêtait son centenaire, et en tant que président de l’Amicale Citroën et DS France vous avez largement mis la main à la pâte, notamment avec l’organisation du rassemblement du Siècle à la Ferté Vidame. Comment vous est venu l’idée folle de rassembler autant de voitures ?

Cette idée m’est venue il y a près de quatre ans, je voulais faire un grand rassemblement pour marquer le coup, peu de marques atteignent 100 ans. Nous avons donc fait une vidéo lors du ICCCR (International Citroën Car Club Rally) en Irlande avec Linda Jackson, Xavier Crespin, Xavier Peugeot pour lancer les festivités et annoncer que nous organiserions quelque chose en 2019. Nous voulions organiser un grand rassemblement. L’idée était un peu folle vu l’ampleur du travail que cela allait demander mais quel bonheur de voir le résultat, je pense que ce rassemblement restera dans les esprits des amoureux de la marque.

• Cela représente trois ans de travail donc ?

Oui tout à fait, nous avons perdu un peu de temps car il a fallu trouver un lieu suite au désistement d’un partenaire, mais ce chantier gigantesque nous a monopolisé pendant de longs mois.

• Est-ce facile d’organiser un tel événement avec la marque ?

Nous avons travaillé de concert avec les équipes de la marque mais cela n’a pas été simple de faire comprendre que finalement c’était nous, les clubs, qui étions aux manettes de l’organisations et à l’origine du rassemblement du Siècle. Mais c’est important de reconnaitre notre parfaire entente : sans la marque il aurait été difficile de mener à bien ce rassemblement.

• La presse et le public sont venus du monde entier lors de cet événement

Oui effectivement les passionnés et collectionneurs de la marque sont venus de très loin, Asie, Australie, Nouvelle-Zélande, USA, des russes sont venus à la Ferté Vidame par la route. Sans compter les centaines de belges, allemands, hollandais. Une vraie communion autour de cette marque qui est la plus collectionnée au monde. Pour la presse c’est également le monde entier qui est venu dans le Perche pour couvrir l’événement, la Chine, le Japon, l’Allemagne, l’Amérique du Sud…

• Est-ce difficile de faire cohabiter toutes ces gens, toutes ces nationalités le temps d’un week-end ?

Tout s’est parfaitement bien passé, grâce à l’engouement autour de Citroën tout le monde s’est très bien entendu, les gens étaient comme chez eux.

• Est-ce qu’il a été difficile d’organiser le roulage sur le circuit d’essai de la Ferté Vidame ?

C’est grâce au directeur du site, Vincent Lalouelle, que nous avons réussi à faire rouler les collectionneurs sur ce circuit mythique et mystérieux. Le site est ultra sécurisé et cela a été vraiment difficile d’organiser cela et d’obtenir les autorisations. Nous voulions faire rouler un maximum de voitures et le vendredi le circuit était utilisé par une autre marque qui avait loué le circuit. Je profite de cet article pour remercier Vincent qui nous a beaucoup aidé dans l’aboutissement de ce projet.

• L’année 2019 a donc été très riche en événements autour de ce centenaire, comme à Rétromobile avec plusieurs plateaux de qualités, jusque Epoqu’Auto en Novembre 2019 qui venait clore cette année de manifestation. Avez-vous un souvenir en particulier ?

Les meilleurs souvenirs je les ai eus lors du Rassemblement, les gens sont venus de partout et avaient les yeux grands ouvert devant le spectacle. J’ai fait se côtoyer des collectionneurs, les descendants de la marque, les gens de Citroën et ça c’est une belle récompense.

• Vous êtes également le président de l’Amicale Citroën et DS France, présentez-nous cette association

L’Amicale regroupe environ 50 clubs et fédérations ce qui représente 11 000 membres pour environ 40 000 véhicules. Nous sommes le plus gros club de France de la marque et nous aidons les clubs lors des salons ou des manifestations avec de l’appui matériel, logistique ou financier. Nous sommes l’interface entre L’Aventure Peugeot Citroën DS, la marque Citroën, le Musée et les collectionneurs.

• Suite à cette année riche, avez-vous noté une augmentation des inscriptions dans les clubs ?

Les clubs regroupent déjà une très grande majorité des passionnés et collectionneurs de la marque, donc nous n’avons pas remarqué de grosse augmentation. Il faut voir sur le long terme si l’augmentation est notable, sachant que nous organisons des événements toute l’année, laissons les choses se tasser un peu après cette année en feu d’artifice.

• Une question sur la gamme actuelle Citroën, en tant que spécialiste et collectionneur quel est votre regard sur les modèles proposés par le constructeur ? Est-ce que les dernières innovations, le confort, les nouvelles suspensions à butées hydrauliques cela permet aux amoureux de la marque de retrouver ce qui a fait sa renommée ?

Je pense qu’actuellement la marque revient vraiment sur ce qui a fait son succès, à une époque les innovations étaient vraiment inexistantes. On voit aussi un réel changement de positionnement chez DS, des nouvelles lignes c’est vraiment encourageant pour un retour du premium français.

• En ce moment l’auto devient de plus en plus indésirable dans notre société, dans nos villes, en tant que passionné comment voyez-vous ce phénomène ?

Je pense que cet « auto bashing » est très politique, l’écologie est finalement en second plan. On crache sur l’auto mais on nous incite à en racheter des neuves tous les cinq ans, à aller dans les centre-auto, à mettre du carburant, mais sans s’en servir parce que cela pollue. C’est totalement malheureux, et taper sur l’auto ancienne c’est oublier notre patrimoine. Concernant Citroën c’est oublier ce qui fut la plus grande marque du monde, avec ses innovations, ses emplois. C’est dommage de ne pas prendre conscience que l’on doit entretenir et transmettre le patrimoine de notre pays.

• Vous êtes allé aux USA, à la rencontre des collectionneurs, racontez-nous ce voyage :

J’étais à Saragota, et j’ai été surpris de voir lors d’un rassemblement près de 250 Citroën alignées, venant de partout des USA ou du Canada. J’ai été bluffé de voir l’état de ces voitures et toute la passion de ces passionnés, j’ai vraiment vu des amoureux de la marque.

• Pour finir cet entretien, j’ai envie de vous demander quelle serait la voiture qui vous manque et qui serait un peu la pièce maîtresse de votre collection ?

C’est vrai qu’il nous manque toujours un modèle, pour ma part je pense que c’est une Facel Vega qu’il manque à ma collection, c’est un modèle qui représente vraiment son époque, le luxe et la France des années 50. Cette voiture est emblématique.

• Avez-vous un message pour les lecteurs de Rétro Passion Automobiles ?

Notre passion est grande mais ce n’est pas fini et nous allons encore organiser de belles fêtes pour célébrer notre marque, nous serons toujours présents en France et dans le monde pour mettre en avant et défendre notre passion et la marque Citroën.

Entretien Jack Stouvenin

Photos Loïc Pontani

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